Je ramassais quelques tiges de pissenlit pour soigner les piqûres d'abeilles d'un chaton un peu trop imprudent quand j'entendis du bruit. C'était celui du cœur d'un lapin ! La cueillette allait se transformer en une formidable partie de chasse ! Je déposa doucement ma récolte près d'un vieux chêne, mis un peu de branches dessus pour éviter qu'elles ne s'envolent et partie traquer ma proie sauteuse. Je rampais, ventre à terre et la queue au ras du sol, tout mon poids du côté de mon arrière-train, et sauta : commençant alors une course effrénée. Je faisais de puissantes foulées, mon corps léger comme une plume, respirant les effluves familières de la forêt et de... je m'arrêta et vis ma proie filer entre les buissons. Je feulais de frustration. Je m'étais arrêtée à cause de l'odeur d'un chat inconnu sur mon territoire ! Mes poils se hérissèrent le long de mon échine, mes yeux devinrent deux fentes noires sur un fond bleu saphir devenu glaciale, les babines retroussées, les crocs découvert, les muscles tendus à rompre. Dans cette position menaçante, le chat aurait du avoir peur et prendre la poudre d'escampette sur-le-champs ! Mais non, pas lui. Je vis les fougères devant moi bougées, et un grognement naquit dans ma gorge. L'intrus se fraya enfin un chemin entre la végétation et grâce à l'odeur, je sus que c'était un mâle. Je feulais de colère, essayant de faire fuire mon ennemi, mais celui-ci ne broncha pas d'un poil. Mes yeux se remplirent d'étonnement non dissimulé. Cet intrus n'avait pas peur de moi ! Il dit alors d'un ton calme, rassurant :
" N'ai pas peur, je ne te ferais aucun mal : je n'attaque pas les femelles sans défenses. "
" Je ne suis pas une femelle sans défense ! Et tu n'as rien à faire ici : c'est mon territoire ! " lui répondis-je, feulant d'indignation.
Et je me jetta sur lui, toutes griffes dehors. En m'accrochant à son dos, je sentis ses muscles jouer sous sa peau fine mais rude. Il était fort : aucun doute là-dessus. Il feula lui aussi et me délogea en tombant sur le dos. J'aurais pus esquiver son attaque mais j'étais trop occupée à essayer de deviner ses points forts et ses points faibles.
" Ouf ! " m'écriais-je, toute mon air expulsé de mes poumons, une fois par terre : exposant mon ventre à ses griffes acérées.
Mais à mon grand étonnement, bien que je l'ai attaquée, il fit ce qu'il m'a dit : il ne m'attaqua pas. Il se contenta de poser ses pattes sur mon cou, poussant un miaulement de triomphe.Je relâcha alors spontanément tous mes muscles et le matou croyant que j'abandonnée, relâcha son emprise. La ruse avait fonctionnée et je pus sans difficulté me déloger. Je lui fis alors un croche-patte et le renversa avant de mettre une patte sur sa gorge, une autre sur son abdomen et dis d'une voix malicieuse :
" Alors ? C'est qui que tu traite de femelle sans défenses ? "
Il me regarda alors et mes yeux plongèrent dans celui de mon adversaire. Mon cœur ce mit à battre plus vite. " Que se passe-t-il ? pensais-je intérieurement, je n'ai éprouvé se sentiment qu'une seule fois dans ma vie ! Ce n'est pas possible ! "