Assemblée mouvementée (suite de : Chasse au clair de lune)

Perchée à la cime d'un cerisier, Souffle Balafré observe le ciel. Dans la nuit éclairée, son pelage prenait des reflets argentés, et dans ses yeux brillaient les douces lueurs des étoiles. Une brise lui apporta les odeurs de gibier et de végétation de la saison des feuilles nouvelles. De son point de vu, tout avait l'air calme : le vent faisait bruisser les jeunes pousses et les fragiles feuilles vert tendre des arbres aux alentours, les animaux et les insectes nocturnes de la forêt commençaient à sortir de leur cachette de la journée, et, au loin, le bruit de l'eau se faisait entendre. Rien semblait pouvoir troubler se silence et cette tranquillité sans faille. Pourtant, quelque chose clochait. Jamais le territoire du Clan de la Haine Pourpre n'avait eu cette air désert. Jamais. Soudain, dans le ciel, l'éclat des étoiles s'intensifia, devenant aveuglant. Ces dernières se rassemblèrent autour de la Lune, formant un cercle compacte. La Lune, si petite, semblait grossir, s'étendre, comme si elle allait avaler la Terre, et sembla devenir rouge. La guerrière gris pâle ne put retenir un cri de surprise, qui se mua en un cri d’effroi. Dans le ciel sombre de la nuit, Souffle Balafré aperçut une trainé partir de la blancheur de la Lune. Une trainé qui semblait se diriger vers la Terre : vers elle.

-Au secours! s'époumona la jeune chatte, Cette chose va me tuer!

Elle tenta vainement de s’enfuir. La branche sur laquelle elle était perchée la retenait par une force mystique dont elle ne connaissait pas la signification. La chose se rapprochait d'elle à une vitesse fulgurante. Elle se prépara à la mort, se disant que le choc serait rude, et même pire, en regardant droit devant elle, les muscles crispés. Souffle Balafré pouvait maintenant entendre son bruit désagréable et rapide... La chose n'était plus qu'à quelques longueurs de queue de renard d'elle, si bien quel en vit sa forme irrégulière, et sa couleur bleuté. D'un bleu si profond...

Souffle Balafré s'éveilla en sursaut dans la tanière des guerriers, son cœur battant la chamade. Ses camarades, qui grommelaient dans leur demi-sommeil, ouvrir un œil et le refermèrent immédiatement. Elle sortit dehors, et attendit l'appel de son chef en regardant le ciel étoilé qu'elle venait de craindre quelques instants plus tôt. Qu'est-ce que cela signifiait-il ? Serai-ce un signe, une prophétie du Clan du Firmament Étoilé ? Impossible, pensa-t-elle, nos ancêtres ne m'enverrai jamais un signe, mais plutôt à un guérisseuse ou au chef lui-même.
Un miaulement retentit au loin, la retirant de ses pensés. La chatte se secoua, comme pour se débarrasser des derniers souvenirs de ce rêve absurde : la Lune n'avait pas grossit d'une griffe et les étoiles étaient toujours à leur place. Elle et les autres guerriers, apprentis, et anciens que leur meneuse avait choisit pour participer à l'Assemblée de ce soir se dirigèrent vers la sortit du camps. La guerrière grise la rejoignit en quelques bonds souples et gracieux, avant de s'engager, avec les autres, dans le tunnel végétal, et sur le sentier qui menait, au lieu de rendez-vous, aux Cinq grands pommiers, où ils trouveraient les quatre autres Clans pour la réunion de la pleine Lune, sous la protection de la trêve sacrée de leur ancêtre.

Dans le silence de la nuit, sous la pleine Lune, un groupe de félins avanca à pas de velours sur les feuilles mortes. Le hululement d'une chouette accompagna le bruissement des feuilles que le vent faisait trembler. Les étoiles inondaient de leur pâle lumière la forêt de chênes, de bouleaux, de pins, de pétales aux couleurs flamboyantes des quelques fleurs des environ. Le pelage soyeux de Horizon Balafré brillait de milles reflets lorsqu'elle n'était pas à l'ombre des bosquets d'épineux bordant la route des Cinq Grand Pommiers. Une odeur la prit soudain à la gorge. Celle du Clan des Ténèbres Silencieuses. Elle se souvint alors de sa rencontre avec la meneuse de ce Clan-ci, la journée précédente. La guerrière frissonnât aussitôt au souvenir de leur rencontre avec ce satané blaireau. Les deux chattes avaient bien faillis y laisser la vie. Jamais elle n’oublierai ce jour. Pourtant, son étrange rêve la préoccupais bien plus. Jetant un coup d’œil à la Lune, la chatte fut soulagée de constater qu'elle n'avait pas bouger. Je devrais en parler à Étoile Embrumée... Non, elle me prendrais pour une folle. Seuls les chefs et les guérisseur peuvent espérer recevoir un jour un signe de leurs ancêtres. Un mouvement devant elle la fit comprendre qu'elle devait s'arrêter : elle avait faillis percuter un guerrier. Dans un buisson d'aubépine les autres membres de son Clan observaient la scène en contre-bas. Des chats du Clans adverse allaient et venaient, sans doute attendant les autres Clans pour échanger les dernières nouvelles. La chatte grise remarqua alors la meneuse de leur Clan, Étoile de Pénombre. D'un signe de queue, la chef de sa petite troupe ordonna aux autres de la suivre. En descendant la pente, en évitant les bosquets sur son chemin, elle pensa qu'il serai plus raisonnable de prévenir Étoile Embrumée. Arrivée en bas de la pente, dans la clairière baignée des lumières de la nuit, elle s'assit près de sa meneuse, choisissant ses mots avec soin. Elle allait commencer à parler, quand elle vit la chef adverse s'approcher d'elle et lui lancer un regard mi-suppliant, mi-menaçant. Horizon Balafré compris par la qu'elle voulait la mettre en garde de ne rien dire de leur rencontre de la veille. Elle lui rendit son regard, les même sentiments dans les yeux. La chatte au pelage ébène n'avait rien à dire non plus. Soudain, deux autres odeurs lui vinre : celles du Clan du Souffle Vif et de la Foudre Céleste. A peine arrivés à destination, les chefs nouveaux venus grimpèrent en haut d'un des plus grands rochers, sans un salut pour leur égaux, en signe de politesse, et lancèrent un seul et même cris d'appel. Les deux meneuses furent contraindre de les suivre. Pourquoi autant de précipitation? se dit-elle La Lune n'est même pas encore à son zénith ! Nous ne sommes pas pressés !
La voix d'un des meneurs la retira de ses pensés.